Selon une étude Adobe, 7 salariés Français sur 10 affirment être sollicités par leur entreprise en dehors du bureau. Bon, on vous rassure, inversement, 9 sur 10 consultent leurs mails personnels au travail. Et vous, allez-vous déconnecter ? On vous explique pourquoi c'est bon pour vous et pour votre boss !
Le droit à la déconnexion kesako ?
En France
Depuis le 1er janvier 2017 en France, vous avez le droit à la déconnexion, nouvelle loi qui vise à assurer le respect des temps de repos et de congés ainsi que l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée des salariés, dans les sociétés de plus de 50 salariés uniquement. Dès janvier 2018, une charte devra être signée pour définir le droit à la déconnexion sous forme de programmes de sensibilisation ou de mesures techniques pour améliorer la vie de salariés au cas par cas, car il existe, en effet, autant d’usages d’outils numériques que de sociétés !
Ce droit à la déconnexion peut se définir sous différentes formes comme la mise en place de plages horaires sans accès à ses mails professionnels en dehors des heures de bureau, voire, PENDANT. Eh oui, sachant que 30 % du temps de travail serait destiné au tri des mails, couper le flux d’infos incessant peut permettre aux salariés de travailler sur de sujets de fond, brillant !
En revanche, aucune sanction n'est prise en cas de non-respect de ce droit, mais attention aux assignations en justice pour harcèlement moral ou pour obtenir le paiement d'heures supplémentaires pour envois d'emails en dehors des heures de travail en l'absence de charte après janvier 2018... à bon entendeur.
Selon une étude du cabinet Éléas, 37 % des actifs utilisent chaque jour leurs outils numériques professionnels en dehors du travail, et 62 % des actifs - incluant une très large majorité de cadres - attendent un encadrement de l'usage des outils numériques en dehors du travail. Cette loi est-elle donc une bonne chose ?
Certains spécialistes des questions RH, comme Jean-Noël Chaintreuil, en doutent. Ils dénoncent cette loi qui, selon eux, va à l'encontre du bien-être des salariés puisqu’ils seront encore plus contraints pour réaliser les tâches. Pour eux, ce ne sont pas les outils numériques qu'il faut réguler, mais plutôt les mauvais managers qu'il faut éduquer pour mettre moins la pression sur leurs équipes.
On vous explique plus bas comment cela se passe en pratique.
Côté luxembourgeois
Selon l’étude Quality of Work 2017, la sur-connexion est identifiée clairement comme un facteur de stress. 32 % des répondants ont tendance à répondre presque toujours ou souvent en dehors de leurs heures de bureau. Ils indiquent être confrontés à l’attente de cette forme de disponibilité. On remarque que ce phénomène est encore plus marqué (37%) chez les répondants dont le secteur est digitalisé.
En janvier 2018, le LCGB-SESF, l’un des principaux syndicats des employés du secteur financier luxembourgeois est monté au créneau pour demander l’inscription d'un droit à la déconnexion dans la législation. Il souhaiterait que la loi définisse les modalités pratiques garantissant cette déconnexion, comme des blocages de l’accès aux serveurs informatiques durant les périodes de déconnexion définies.
Selon le Ministère du travail, des lois pour l’obligation des employeurs à veiller sur la santé des salariés et à respecter les règles existantes définissant le temps de travail, existent déjà. Pas de législation alors ?
Prenez des vacances ! Votre patron vous remerciera, car votre sous-productivité ruine votre entreprise !
Pour aller plus loin, le cabinet Midori Consulting expert en qualité de vie au travail, a mesuré le taux de présentéisme dans les entreprises : il est compris entre 6 et 11 %, soit presque deux fois plus que le taux d'absentéisme (4,53 %). Avoir des salariés malades ou démotivés (présentéisme) pèserait deux fois plus lourd sur les sociétés puisqu'elles en paient le coût tandis que l'absentéisme est pris en partie en charge par l'Etat sous forme d’indemnité journalière. Midori estime même cette perte entre 14 et 25 Milliards d'euros € par an, alors que les jours de bureau manqués ne coûteraient que 7 milliards aux entreprises et 9 milliards à l'Etat français. Prenez donc du temps pour vous !
Et en pratique, cette detox ça donne quoi ?
Chez les entreprises
Il existe une multitude de petits gestes de courtoisie, mais aussi de bon sens, que nous pouvons réaliser en entreprise. Cela passe par une attitude exemplaire des managers en utilisant d'abord eux-mêmes les outils aux heures de bureau, ou encore en se déplaçant pour parler aux personnes en face-à-face, plutôt que leur envoyer un mail. On peut aussi envoyer des mails en différé ou répondre aux personnes seules concernés, inutile de l'envoyer à toute l’entreprise !
Michelin a choisi de mettre en place un système de contrôle des connexions à distance pour ses cadres autonomes itinérants, entre 21h à 7h du matin, et du vendredi 21h au lundi 7h. Chez Volkswagen, depuis 2011, la réception d'e-mails sur smartphone professionnel est bloquée en dehors des heures de travail. Les serveurs de la société sont donc bloqués entre 18 et 7 heures le lendemain matin.
Chez Orange, société de Bruno Mettling, (responsable du rapport qui a inspiré le droit à la déconnexion pour la nouvelle loi travail), une charte prévoit pour les salariés des temps de non-utilisation de la messagerie électronique, notamment lors des réunions, ce qui pourrait sembler être normal et respectueux, mais il est vrai que beaucoup en profitent pour consulter leurs mails à ce moment précis... (sympa pour le voisin qui fait sa présentation !)
Et du côté de chez soi ?
- Un Français passe presque 6 heures par jour sur Internet (4,8 heures depuis un ordinateur et 2,1 heures depuis un appareil mobile) (Etude monde de We Are Social – 2015).
- Les 18-34 ans consultent leur smartphone jusqu’à 100 fois par jour, à raison d’une fois toutes les 10 minutes (généralement pendant moins de 30 secondes).
- (Etude de l’Institut Omnibus pour l’éditeur Kana Software – 2014) et 62,9 % des Français ont le sentiment d’utiliser les technologies numériques “beaucoup ou trop”. (tu m'étonnes...)
- 80 % des Français se connectent à Internet pendant leurs vacances (83 % pour les moins de 40 ans), Etude “Unplugged” d’Havas Media – 2013
- 19 % seulement cherchent à se déconnecter au maximum pendant leurs voyages, en éteignant leur téléphone et en coupant leurs emails. (Etude Next Content pour Liligo – 2016)
Dans sa vie perso, on peut utiliser un vrai réveil pour éteindre son téléphone la nuit, supprimer ses notifications, ou désigner des zones sans portable ou sans tablette pour reconnecter avec ses proches. On peut aussi ne garder sur son écran d'accueil que les icônes des applications prioritaires pour ne pas être trop tenté.
Des applications proposent de vous déconnecter pendant un temps et de répondre à votre place quand on vous sollicite.
Toute une batterie de données sur votre usage du téléphone vous est fournie par mois avec OFFTIME. Forest vous permet de faire pousser des arbres, et même une forêt le temps de votre déconnexion ! Par contre, vous tuez un arbre lorsque vous quittez l'appli pour vous reconnecter aux données. Paraît que plus de 150 000 arbres ont déjà été plantés sur l'appli !
Si pendant vos vacances vous recevez des emails du boulot,
- Vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-même d'avoir une connexion,
- Selon une étude Toister (2016), dans 70 % des cas, vos collègues attendront que vous répondiez dans les 4 heures, et 15 % d'entre eux dans le quart d'heure ! Bien entendu, votre patron et vos clients feront partie des quinze pourcents, (lol) alors no stress... et bonnes vacances !